Aujourd’hui, de nombreux citoyens se demandent si la crise du Coronavirus est une chance ou un risque pour la politique protégeant le climat. Ma réponse est catégorique : tout dépend de ce que nous déciderons !
De manière réaliste, il convient d’admettre qu’il existe un lien très étroit entre la politique climatique et la politique économique dans le contexte actuel. Le lien est évident : si la situation économique se dégrade trop, avec de grands risques de chômage pour les individus et une absence de perspective d’amélioration, il sera très difficile de renforcer la lutte contre le réchauffement climatique. Un affaiblissement pourrait même se produire. Cela s’explique aisément : la politique se centrera sur les réponses économiques à court terme et mettra le long terme de côté.
Naturellement, sur le long terme, l’opposition entre économie et climat est totalement absurde. L’économie doit assurer de bonnes conditions d’existence pour toutes et tous, et si le climat se réchauffe massivement, cet objectif ne sera plus atteint. Ce constat est valable en Suisse, mais aussi dans des pays pauvres qui ont absolument besoin d’améliorer leur niveau de vie.
Dans ces conditions, on pourrait être tenté de lever toutes les restrictions sanitaires, avec l’espoir d’éviter une crise économique, tout en acceptant l’augmentation du nombre de malades et de décès. Mais c’est oublier que même sans mesures sanitaires, l’économie se serait effondrée.
La fréquentation des bistrots ou des spectacles ne va pas reprendre, si la peur de se faire contaminer persiste. De même, les entreprises n’investissent pas quand l’avenir est incertain. Ainsi, l’option infantile consistant à faire comme si l’épidémie n’existait pas est impraticable. Il n’y a donc pas d’autre choix que de chercher une bonne synergie entre le sauvetage de l’économie et la protection du climat, ce qui revient en fait à réconcilier le court et le long terme.
C’est précisément la stratégie que propose le Parti socialiste suisse : adopter des mesures de soutien économique qui soient directement favorables au climat et, en parallèle, préserver d’abord la sécurité économique et sociale de la population mais en veillant à ne pas nuire au climat.
Cette logique permet de construire une politique tout à fait raisonnable pour la sortie de crise. Premièrement, il convient de soutenir prioritairement l’investissement dans des secteurs à plus-value écologique.
Nous en avons identifié deux principaux :
- Renforcer le soutien à l’assainissement des bâtiments et aux investissements dans les nouvelles énergies renouvelables, pour l’électricité comme pour la chaleur. D’autres mesures connexes, comme l’établissement de bornes de recharge pour les voitures électriques entrent dans ce plan.
- Réduire les transports inutiles des marchandises, en participant à un effort de réindustrialisation à l’échelle européenne, qui aura en plus avantage d’augmenter la sécurité de l’approvisionnement en cas de crise, par exemple pour le matériel médical ou les produits semi-finis destinés à l’industrie et à la Pharma.
En outre, au-delà des mesures d’urgence telles que le renforcement du chômage partiel et de l’assurance perte de gains, il convient de préserver durablement le pouvoir d’achat des ménages. A cet effet, il est important d’éviter une explosion des primes d’assurance-maladie et de ne pas leur faire payer le financement de la cirse. Nous proposons plutôt la création d’un fonds alimenté par des impôts temporaires sur les grandes fortunes et les très hauts revenus.
Protéger la population contre les vicissitudes économiques permet de poser de solides fondations pour le renforcement de la politique climatique. On s’aperçoit donc que la justice économique et sociale constitue la clé du redressement économique et de la protection du climat.
Enfin, notre proposition d’octroyer à chaque personne un bon de fr. 200.- à dépenser dans les secteurs de la restauration, du tourisme, de la culture et des loisirs, donc fr. 800.- pour une famille, permet de marier les trois objectifs : soutenir des secteurs gravement touchés, favoriser des vacances en Suisse en évitant les déplacements en avion, et renforcer le pouvoir d’achat.
(Publié dans “Solidaires”, le magazine des donatrices et donateurs du PS suisse, mai 2020)
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