La relance du nucléaire est une chimère

En plein débat sur l’avenir de la production électrique, l’UDC tente de relancer l’énergie nucléaire. Le moment ne doit rien au hasard. En tenant compte du développement des véhicules électriques et des pompes à chaleur, on prévoit une augmentation d’environ 30% de la consommation à l’horizon 2050. Il faudra donc remplacer les quelque 20 TWh de nucléaire issus de nos quatre vieux réacteurs et couvrir les 20 à 25 TWh de demande supplémentaire. Comme je l’ai souligné dans mon ouvrage Le Plan solaire et climat, l’enjeu critique est celui de l’approvisionnement hivernal, argument sur lequel les nostalgiques du nucléaire aiment s’appuyer.

Toutefois, en 2017, le peuple suisse n’a pas pris par hasard la décision de sortir progressivement du nucléaire. Premièrement, le risque d’accident majeur avec fusion du cœur du réacteur est loin d’être négligeable: sur les cent cinquante réacteurs dont l’exploitation a déjà cessé, cinq ont subi une telle catastrophe. Autrement dit, il y a une probabilité de 1 sur 30 que la vie d’un réacteur finisse en désastre. Dans un pays aussi peuplé que la Suisse, avec des villes proches les unes des autres, l’évacuation durable d’une zone de 20 ou 50 km autour d’un sinistre serait une tragédie.

Des gouffres financiers

Deuxièmement, la question de l’entreposage durable des déchets radioactifs n’est pas résolue: garantir leur sécurité pendant un million d’années constitue une entreprise présomptueuse. Dans l’immédiat, on ignore si ce défi peut être relevé. Troisièmement, toutes les tentatives récentes de construire de nouvelles centrales en Europe se sont transformées en gouffres financiers. Les coûts de revient sont désormais plus élevés que ceux des énergies renouvelables. Dans les régimes autoritaires, des projets bon marché ont été réalisés, mais avec de réelles inquiétudes sur leur niveau de sécurité. Enfin, si les coûts du nucléaire sont plus ou moins prévisibles en matière de construction et d’exploitation, l’incertitude reste importante pour le démantèlement et totale pour les déchets.

La décision de 2017 était donc pertinente. En admettant cependant que l’on change d’avis pour suivre l’UDC, la probabilité de voir un projet aboutir est pratiquement nulle. Il conviendrait tout d’abord de modifier la loi pour permettre la construction de nouvelles centrales. Cela prendrait cinq ans, référendum compris. En admettant qu’il se trouve ensuite une entreprise désireuse de se saisir du projet, il faudrait une décennie de préparatifs pour arriver à l’autorisation générale, elle-même soumise à référendum. Enfin, il s’agirait de construire la centrale, ce qui prend au moins quinze ans.

De plus, ce délai de trente ans jusqu’à la livraison du premier kilowattheure d’une hypothétique nouvelle centrale nucléaire est probablement sous-estimé. D’une part, dans un pays où la moindre éolienne fait l’objet d’une décennie de recours, les voisins se lanceraient dans une guérilla juridique contre l’installation. D’autre part, les grandes entreprises électriques ont déjà indiqué qu’elles considéreraient un tel projet comme une impasse économique. Obstacle supplémentaire, il est probable qu’il faudrait un important subventionnement étatique pour déclencher des travaux.

Une myriade de petits et moyens projets

En réalité, le pétard aussi mouillé que radioactif lancé par l’UDC nous détourne de l’essentiel: il est temps de renforcer les investissements pour le renouvelable et de simplifier certaines procédures. Même si le photovoltaïque se développe bien et assurera l’essentiel de l’approvisionnement, l’hydraulique à accumulation et l’éolien sont décisifs pour passer l’hiver et doivent donc être encouragés.

La décision de 2017 était donc pertinente. En admettant cependant que l’on change d’avis pour suivre l’UDC, la probabilité de voir un projet aboutir est pratiquement nulle. Il conviendrait tout d’abord de modifier la loi pour permettre la construction de nouvelles centrales. Cela prendrait cinq ans, référendum compris. En admettant qu’il se trouve ensuite une entreprise désireuse de se saisir du projet, il faudrait une décennie de préparatifs pour arriver à l’autorisation générale, elle-même soumise à référendum. Enfin, il s’agirait de construire la centrale, ce qui prend au moins quinze ans.

De plus, ce délai de trente ans jusqu’à la livraison du premier kilowattheure d’une hypothétique nouvelle centrale nucléaire est probablement sous-estimé. D’une part, dans un pays où la moindre éolienne fait l’objet d’une décennie de recours, les voisins se lanceraient dans une guérilla juridique contre l’installation. D’autre part, les grandes entreprises électriques ont déjà indiqué qu’elles considéreraient un tel projet comme une impasse économique. Obstacle supplémentaire, il est probable qu’il faudrait un important subventionnement étatique pour déclencher des travaux.

En réalité, le pétard aussi mouillé que radioactif lancé par l’UDC nous détourne de l’essentiel: il est temps de renforcer les investissements pour le renouvelable et de simplifier certaines procédures. Même si le photovoltaïque se développe bien et assurera l’essentiel de l’approvisionnement, l’hydraulique à accumulation et l’éolien sont décisifs pour passer l’hiver et doivent donc être encouragés.

(paru dans Le Temps)