Pour la sécurité de l’approvisionnement énergétique

 

Cinq ans. C’est le temps qu’il aura fallu aux institutions politiques suisse pour adopter la stratégie énergétique 2050. Cette durée reflète d’une part la difficulté de la Suisse officielle à faire le deuil d’une relance de l’énergie nucléaire. Mais elle traduit aussi la lente recherche d’un compromis derrière lequel les principales forces politiques puissent ranger. Le résultat est forcément un projet pragmatique et modéré. Mesurer à cette aune, les publicités apocalyptiques de l’UDC selon lesquelles il ne serait plus possible de prendre de douche chaude sont franchement totalement grotesques.

En réalité, la stratégie énergétique 2050 inscrit dans une évolution tout à fait logique. Premièrement, ces dernières années, l’énergie nucléaire a perdu le dernier avantage qu’elle avait, à savoir ses coûts. L’explosion des budgets de construction en raison des problèmes de sécurité en ont désormais fait l’une des formes d’énergie les plus chères pour obtenir un kilowattheure additionnel. Le problème des déchets radioactifs que nous connaissons bien dans le canton, avec les luttes menées à Ollon, demeure totalement irrésolu. Ceci tant au plan pratique que financier. Comment pourrait-il d’ailleurs en aller différemment sachant que ces déchets sont dangereux pendant quasiment 1 million d’années ? Quant aux problèmes de la sécurité, que nous n’avons connu heureusement qu’en modèle réduit à Lucens, ils restent entier. Sur les 500 centrales nucléaires en exploitation commerciale dans le monde, cinq ont fini leur exploitation par une fusion du cœur, ce qui représente un taux de 1 %, d’accidents très graves et rend cette technologie totalement indéfendable.

En interdisant la construction de nouvelles centrales nucléaires, la stratégie énergétique 2050 consacre une évidence : le nucléaire n’a pas l’avenir. Mais encore fallait-il le faire de manière  explicite, de manière à donner des orientations au secteur électrique et juguler la nostalgie des nucléocrates. C’est d’ailleurs à n’en pas douter là que se situe la véritable motivation du référendum de l’UDC : essayer quand même un jour de reconstruire des centrales nucléaires.

Si la consommation d’électricité s’est heureusement stabilisée ces dernières années, elle n’a pas vraiment diminué. Comme vieilles centrales nucléaires finiront toute façon par s’arrêter pour raison d’âge, il faudra remplacer leur production. C’est la raison pour laquelle la stratégie énergétique propose des mesures qui, dans un premier temps, permettront déjà de remplacer la moitié de la production nucléaire avec du renouvelable indigène. À cet égard, le refus la stratégie énergétique conduirait non pas à la poursuite du statu quo, mais bien à l’importation de toute l’électricité manquante. Elle proviendrait vraisemblablement de sources sales, soit du charbon allemand, soit du nucléaire français.

La stratégie énergétique comporte en outre des mesures pour accroître l’efficacité dans l’usage de l’électricité. En effet, le kilowattheure le moins cher et le plus écologique demeure celui qu’il n’a ni fallu produire ni fallu transporter.

Le projet prévoit un effort important pour réduire notre dépendance aux importations d’énergies fossiles : le pétrole et le gaz. Elle prévoit une accélération des efforts pour assainir les bâtiments. Il s’agit de réduire l’empreinte écologique et la facture du chauffage. D’autre part, la stratégie énergétique renforce les normes d’émission des voitures et les camionnettes. Cela crée une pression importante pour des véhicules plus efficaces et pour l’électrification. C’est donc un bon projet qui mérite d’être adopté.

(journal du PS vaudois, 5.5.2017