ROGER NORDMANN, Conseiller national, Président du groupe aux chambres fédérales jusqu’au 2 septembre 2023
Fait exceptionnel, l’année 2023 n’a comporté qu’une seule date de votation. Le principal résultat m’a cependant exceptionnellement réjoui. Le peuple a approuvé le principe de la neutralité climatique en 2050 avec 59% de oui lors de la votation de juin. Le projet prévoyait également un soutien de 3,2 milliards de francs sur 10 ans à l’assainissement des chauffages et de l’industrie. J’avais consacré une bonne partie de mon travail parlementaire de l’année précédente pour construire cette majorité (voir rapport 2022).
Au plan du travail parlementaire, je me suis principalement engagé, comme rapporteur de commission, pour faire avancer le projet de loi « pour un approvisionnement en électricité sûr et renouvelable » (21.047) lancé par Simonetta Sommaruga et honnêtement défendu par Albert Rösti. Le résultat est excellent, notamment parce que le soutien à l’énergie renouvelable est renforcé et des mesures d’efficacité dans le secteur de l’électricité sont introduites. En outre, l’approvisionnement de base des clients captifs est renforcé par une logique de contrat à long terme d’approvisionnement, de manière à obtenir une tarification stable sur la durée qui protège les clients et permettent de financer les investissements (y-compris l’abolition de la méthode dite « du prix moyen »).
Nous avons également fait avancer sur le CO2 (22.061) de remplacement du projet rejeté en 2021. Le résultat est assez mitigé, mais l’essentiel y est : le resserrement sévère des normes antipollution pour les voitures et les camions.
En juin, j’ai proposé au conseiller aux États Olivier français de déposer une motion conjointe dans les 2 conseils, intitulée « Redondance et fiabilité pour l’axe ferroviaire Lausanne-Genève » (23.3668 et 23.3725). Signé par 107 membres du Conseil national et par 21 membres du Conseil des Etats, cette motion est en train de faire son chemin. Elle a déjà été acceptée par le plénum du Conseil des Etats et par la commission du national. Son objectif est d’obtenir la construction d’une ligne ferroviaire supplémentaire entre Lausanne et Genève.
En coulisse, je me suis fortement engagé pour que la Suisse renforce massivement son soutien au déminage en Ukraine et qu’elle livre 25 chars léopard II à l’Allemagne, de manière à ce que celle-ci puisse livrer d’autres équipements à l’Ukraine ou à ses alliés. Il en va de la défense de la liberté et de la démocratie sur notre continent face à l’attaque du régime dictatorial et impérialiste de Poutine.
En août 2023, mon livre « Urgence énergie et climat – Investir pour une transition rapide et juste » est paru aux éditions Favre, au Zytgloggverlag en allemand et au PS tessinois en italien sous forme de PDF. Ce livre est centré sur notre initiative populaire pour un fond climat, lancée en septembre 2022. Grâce au soutien du PSS, non seulement pour la traduction et le graphisme mais aussi pour le lancement, le livre est un grand succès. Il a immédiatement fallu en réimprimer. Cinq mois après le lancement, plus de 5000 exemplaires avaient été écoulés au total en français et en allemand. Sur la question du Fonds climat, les échos sont très positifs, également dans d’autres milieux que les nôtres. De manière générale, le livre a montré la crédibilité du PS dans le domaine de l’énergie et du climat, et je l’espère un peu contribué au succès électoral de 2023.
Après m’être exprimé de manière très sévère sur le scandale de la débâcle du Crédit Suisse, je me suis fortement engagé pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Une fois celle-ci obtenue, j’ai proposé d’y siéger et de renoncer à la présidence du groupe parlementaire. Après 8 ans, et dans une phase de bonne dynamique, le moment me semblait adéquat de passer la main, et je félicite Samira Marti et Samuel Bendahan qui ont été élus en co-présidence pour me succéder. Si ma tentative d’arracher la présidence de la commission d’enquête parlementaire a échoué en raison d’une alliance entre le centre et les verts, elle a forcé le centre à présenter une candidate d’envergure (la sénatrice fribourgeoise Isabelle Chassot). Les travaux de la commission sont totalement secrets jusqu’à leur publication en 2024.
Bien entendu, je me suis fortement engagé dans la campagne des élections fédérales, tant dans le canton que dans le reste de la Suisse, en m’appuyant notamment sur le livre, de façon à occuper ce champ thématique.
Quelques jours après l’annonce de ma démission de la présidence du groupe parlementaire, le conseiller fédéral Alain Berset annonçait (à ma grande surprise) qu’il ne briguerait pas de 4ème mandat en décembre. En septembre, sur proposition de mes successeurs, le groupe parlementaire a décidé d’ouvrir les candidatures à l’entier de la Suisse. Avec le soutien du Parti socialiste vaudois, et en particulier celui, enthousiaste, de la présidence, j’ai décidé de proposer ma candidature au Conseil fédéral. J’ai choisi une approche de contenu, très politique, en m’écartant de la logique de personnalisation extrême. En raison de la présence d’une socialiste romande, Elizabeth Baume-Schneider, ma démarche a été critiquée et ses chances largement sous-évaluées. Finalement, l’axe choisi, à savoir parler de contenu politique en insistant sur 4 défis (la démographie, la santé, l’énergie/le climat et l’Europe) a très bien fonctionné. J’ai aussi lourdement insisté sur le fait que la fonction de Conseiller fédéral n’était pas la représentation d’une région mais la défense de l’ensemble du pays. Au fil du Roadshow auprès des sections, puis finalement devant le groupe, ma candidature, quelque peu disruptive au plan de la langue et de l’approche, a gagné en poids. Ma longue expérience politique s’est avérée d’une grande utilité dans la démarche, Finalement, c’est de manière serrée que je n’ai pas obtenu de figurer sur le ticket : je n’ai perdu qu’au terme du 18e et dernier tour de scrutin par 27 contre 22 face à Jon Pult.