Votation du 23 septembre 2018: vive le vélo

Le 23 septembre, nous voterons sur un projet d’article constitutionnel sur la promotion du vélo. Cet article constitue le contre-projet direct à l’initiative populaire pour le vélo, qui a été retirée.Le Parti socialiste avait récolté des signatures pour cette initiative.

La logique du projet s’inspire de l’article sur les cheminements pédestres, introduit dans la constitution en 1979. En 40 ans d’existence, cet article a grandement contribué à améliorer la situation des piéton-ne-s tant à l’intérieur des agglomérations que pour les randonnées pédestres. C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que le Conseil fédéral a décidé de compléter l’article piétonnier de la Constitution par des références aux vélos. Mais pourquoi faut-il donc promouvoir le vélo?

Tout d’abord, le vélo est un moyen de transport extrêmement écologique, puisqu’il ne consomme pas d’énergie fossile, ne fait pas de bruit, ne pollue pas l’air et consomme relativement peu de place. Pour

des déplacements à l’intérieur de nos villes et nos villages, il ne présente, du point de vue de l’intérêt général, que des avantages. Le vélo constitue un des axes de lutte contre le réchauffement climatique. Deuxièmement, le vélo se combine extrêmement bien avec les transports publics, dont il augmente le rayon d’action. Ainsi, en 10 minutes à pied depuis une gare, on atteint rayon de 1 km. À vélo, on atteint dans le même laps de temps 2 à 3 km, soit une surfac,e entre quatre et neuf fois plus grande. Il est beaucoup plus simple et moins onéreux

de parquer un grand nombre de bicyclettes à proximité d’une gare que de construire d’immenses parkings à voitures.

Troisièmement, du point de la santé publique, pratiquer chaque jour un peu de vélo est absolument recommandable. Quatrièmement, le vélo contribue à décharger les transports publics. Cet aspect peut être absolument décisif, si l’on pense par exemple au métro Ml, proche de la saturation. Si quelques milliers d’étudiante- s supplémentaires prenaient leur bicyclette poùr aller à Dorigny, on repousserait ce problème de saturation. Enfin cinquièmement, le vélo comme activité de loisirs est tout à fait recommandable. C’est même une de celle qui a le meilleur bilan écologique, dans la mesure où l’on peut partir de chez soi sans utiliser de véhicules à moteur.

La récente apparition des vélos électriques constitue un véritable multiplicateur de ces avantages. En effet, il devient possible de parcourir des distances un peu plus grandes, et ceci sans transpirer. L’obstacle. de la topographie disparaît, comme on le voit à Lausanne, où le nombre de cyclistes a explosé depuis l’apparition de l’assistance électrique au pédalage. De plus, le vélo devient accessible à des personnes qui ont une moins bonne condition physique. Du point de vue écologique, il n’y a vraiment aucune mauvaise conscience à rouler avec un vélo électrique: celui-ci consomme environ 10 fois moins d’électricité qu’un trolleybus pour transporter une personne sur 1 km, et même 60 fois moins d’énergie qu’une voiture.

Malgré tous ces avantages, le vélo se heurte pour l’instant à des problèmes d’infrastructures et de sécurité qui limitent son expansion. Dans les pays comme les Pays-Bas, mais aussi dans certaines villes européennes, on s’est doté de voies vélo complètement séparées du reste du trafic le long des axes importants.

En Suisse, nous avons pris un énorme retard, et cet article constitutionnel doit aider à le rattraper. Mêmes’ il n’est pas toujours possible et souhaitable de séparer les flux du trafic, il est évident que disposer de bandes cyclables continues constituera un grand avantage. En poussant tous les acteurs à planifier bien en amont leur réseau cyclable et en légitimant le vélo au niveau constitutionnel, cet article donne une impulsion bienvenue. À lui seul, il ne suffira pas, il faudra bien évidemment que les collectivités publiques à tous les niveaux jouent le jeu et continuent à aménager l’espace public d’une manière qui permette aux piéton-ne-s et aux cyclistes de ne pas être mis en danger. Mais clairement, cet article constitutionnel est un coup de pouce bienvenu.