Que cache l’UDC sous sa burka ?

(auf Deutsch)

Les 4 escroqueries de l’UDC dans la votation du 7 mars sur l’interdiction de la burka

Comme d’habitude, l’UDC avance masquée. A nouveau, elle use du droit d’initiative non pour résoudre un problème avéré, mais pour créer des difficultés dont elle souhaite tirer profit. Cette fois, en proposant d’inscrire l’interdiction de la burka dans la Constitution, elle lance un débat pervers sur une démarche inutile.

En réalité, toute l’opération ne vise qu’à servir les intérêts de l’UDC. Dans ce but, quatre escroqueries entachent la votation du 7 mars 2021. Pour que les citoyennes et citoyens ne tombent pas dans le piège des populistes suisses, il est temps de les dévoiler. Que cache donc l’UDC sous sa burka ?

1       FAUX problème et VRAI marketing

En Suisse aujourd’hui, la burka n’est portée que par une trentaine de femmes, qui de surcroît assumeraient librement ce choix. Nous sommes donc sur une problématique touchant 0,00035% des habitants. Par ailleurs, il ne semble pas que des groupes se soient saisis de cette tenue ultra-marginale, pour en faire la promotion.

Ne répondant à aucun problème réel, l’initiative de l’UDC est donc une démarche de pur marketing. Elle a pour objectif d’attirer la lumière grâce à une campagne de votation. Il est vrai que l’UDC doit redorer son blason. En régression lors des dernières élections fédérales, échouant dans ses initiatives europhobes, à la dérive face aux  défis générés par la pandémie, elle veut reprendre la main. Et quoi de mieux qu’un débat simpliste et émotionnel pour exister ?

2       FAUX féminisme et VRAIE stigmatisation

Oui, toute personne aux convictions féministes solides ne peut que déplorer le port de la burka. Cette prison de toile prolonge l’injonction faite aux femmes de rester à domicile par un enfermement sur la place publique. Mais précisément, l’UDC est l’exemple type du parti conservateur au service du patriarcat. Machiste, elle a toujours véhiculé les pires clichés célébrant les femmes au foyer. En 2013 encore, elle proposait une initiative populaire pour promouvoir la femme au foyer. Jamais en votation ou au Parlement, l’UDC n’a soutenu la moindre mesure concrète favorisant l’émancipation et la carrière des femmes.

Le faux féminisme de l’UDC est en réalité une vraie stigmatisation. Le carburant de son initiative, c’est la xénophobie classique. Pointer le doigt sur l’islam, sans se soucier des femmes, telle est l’arnaque. Instrumentaliser une cause noble, le féminisme, pour faire fructifier un petit commerce nationaliste et xénophobe, voilà l’entreprise qu’il convient de ne pas cautionner.

3       FAUSSE solution  et VRAIE dégradation de la Constitution

Si l’on veut inciter des femmes à renoncer au port de la burka, alors c’est par la conviction qu’il faut y parvenir et non par l’interdiction. Et si l’on veut aider des femmes à s’émanciper d’une contrainte, c’est en les soutenant que l’on peut y contribuer, et non pas en leur infligeant des amendes. L’UDC propose de transformer les victimes d’une tradition, consentantes ou non, en coupables. Punir des femmes au nom du féminisme n’est pas acceptable.

Par ailleurs, interdire formellement la burka pourrait l’élever au rang de symbole identitaire positif. Vouloir contrer un comportement culturel inadéquat en le mettant hors la loi, c’est lui donner le prestige de la rébellion contre la pensée dominante et risquer de le renforcer. Autrement dit, suivre l’UDC, c’est dégrader la Constitution en y introduisant une norme stupide, inutile, inefficace, indigne de la Suisse et, en outre, susceptible d’avoir des effets pervers.

4       FAUX progressisme et VRAI trumpisme

En se positionnant contre une tenue archaïque, l’UDC croit se donner une image progressiste. Mais pointer les défauts des autres cultures ne rend pas automatiquement vertueux. Surtout lorsqu’on propose une interdiction comme preuve d’ouverture d’esprit et que l’on est un parti fondamentalement réactionnaire.

En réalité, en plus d’être du pur marketing, la démarche de l’UDC s’inscrit dans le sillage du trumpisme le plus crasse. Stigmatiser les minorités, cliver la société, provoquer un climat anxiogène, exacerber les peurs, mettre de l’huile sur le feu, accentuer les problèmes au lieu de les traiter sereinement, ces bases de la méthode trumpiste sont toutes présentes dans l’initiative contre la burka. Au moment où le peuple américain a rejeté Donald l’incendiaire, le peuple suisse ne doit pas tomber naïvement dans le piège de l’UDC mais dire non le 7 mars à son initiative simpliste et inutile.