En termes d’approvisionnement électrique, l’hiver 2016-2017 a constitué une expérience très intéressante. Le cumul des pannes de deux centrales nucléaires pendant les mois les plus froids nous a enseigné deux choses :
Premièrement, la disponibilité des centrales atomiques décline en raison de leur vieillissement et de leurs problèmes techniques : en l’occurrence nous avons perdu la moitié de la production pendant les mois où la consommation était la plus élevée.
Deuxièmement, pour remplacer la production manquante, la Suisse n’a eu aucun problème à importer d’énormes quantités d’énergie, car les lignes et les transformateurs sont disponibles.
En fait, l’hiver 2016-2017 a préfiguré ce qui se passerait en cas de rejet de la stratégie énergétique. La Suisse se retrouverait rapidement prise au dépourvu, forcée d’acheter à l’étranger l’entier de l’électricité actuellement produite par le nucléaire. Les importations directes d’énergie, qui représentent déjà 65 % de l’approvisionnement globale avec le gaz et le pétrole, grimperaient à 75 % environ.
Pour éviter ce risque économique et cette hypothèque sur la sécurité d’approvisionnement, il est indispensable d’investir en Suisse, en s’inscrivant dans la démarche des pionniers de l’hydroélectricité. Qu’on fait nos prédécesseurs ? Ils sont tous simplement eu le courage d’équiper notre pays d’installations permettant de récolter la principale ressource énergétique indigène que l’on savait valoriser à l’époque, à savoir la force hydraulique. Et pourquoi ont-ils investi dans les barrages : parce que la source d’énergie primaire, à savoir l’eau, arrive gratuitement en Suisse. Contrairement au charbon que l’on aurait, à l’époque déjà, pu importer d’Allemagne.
Aujourd’hui, il s’agit non seulement de renforcer l’hydroélectricité, mais aussi d’étendre la récolte aux autres énergies indigènes que l’on sait désormais capter : le soleil, le vent, la géothermie et la biomasse. C’est précisément ce que propose la stratégie énergétique. C’est un projet profondément patriotique.
Sur le fond, l’accroissement des importations d’électricité augmenterait notre dépendance aux énergies fossiles, en s’inscrivant dans la droite ligne de la politique énergétique anti-climatique de Donald Trump. Avec une différence de taille : l’Amérique dispose d’énergies fossiles dans son sous-sol, ce qui permet à Trump d’affirmer que sa stratégie s’inscrit dans la logique « america first ». En revanche, en Suisse, le sous-sol ne contient pas d’énergies fossiles. Les ressources indigènes sont uniquement renouvelables. Combattre les énergies renouvelables, c’est donc plaider pour « abroad first ». Et accessoirement pour les caisses de Monsieur Poutine et de l’Arabie Saoudite.
En fin de compte, ceux qui s’opposent à la Stratégie énergétique, et en premier lieu Monsieur Blocher, sont tout simplement « Heimatmüde » [fatigués de la patrie ], pour utiliser un qualificatif qu’ils aiment bien attribuer à leurs adversaires. En effet, renoncer à produire de l’énergie sur place et augmenter les importations, ce n’est rien d’autre que se détourner de la Suisse et miser sur l’étranger.
(Intervention à la Conférence de presse de www.strategie-energetique-oui.ch)