Force du Franc, intérêts négatifs et plan Marshall pour le climat

Discours à la conférence de presse du Parti socialiste vaudois

Au PS, nous estimons que la mise en évidence de l’urgence climatique est très utile, mais qu’elle ne suffit pas. À notre sens, le débat doit maintenant porter sur les mesures à prendre.

C’est à cet effet que nous avons présenté le plan Marshall pour le climat. Secteur par secteur, nous proposons les mesures à prendre en Suisse pour que notre pays assume sa part dans l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Pour être crédible sur le plan international, et pour contribuer à la genèse et à l’application de bons accords internationaux de protection du climat, il est fondamental que la Suisse assume non seulement sa part, mais surtout soit à la pointe en matière de réduction des émissions sur son propre territoire, et qu’elle cadre sa place financière. Après avoir pris trop tard le virage de la lutte contre le blanchiment et l’évasion fiscale, nos banques doivent réussir celui du climat.

Comme socialiste, nous avons toujours combattu l’idée selon laquelle qu’il fallait faire des réductions à l’étranger pour pouvoir continuer à griller du pétrole en Suisse jusqu’à la fin des temps.

Notre stratégie consiste grosso modo en un vaste plan d’investissement pour gagner en efficacité dans le bâtiment, dans la mobilité et dans l’industrie, et pour récolter suffisamment d’énergie renouvelable. Ici n’est pas le lieu de le présenter à nouveau, mais je suis à disposition si vous avez des questions spécifiques.

J’aimerais surtout mettre en évidence l’intérêt économique et social qu’il y a mettre en œuvre ce plan Marshall pour le climat. Dans le contexte actuel de franc suisse trop cher et de taux d’intérêt négatifs toxiques pour nos caisses de pension, la Confédération doit absolument déclencher des investissements et créer des possibilités d’investir pour les privés. Tous les capitaux qui seront utilisés en Suisse, que ce soit par l’État, que ce soit par les privés, pour financer ces investissements dans la transition énergétique contribueront à détendre la situation monétaire. C’est aussi pour cette raison que nous proposons dans notre plan Marshall que la Confédération dépense 3 milliards de plus par année, qui mobiliserait 6 autres milliards en provenance du secteur privé. Ce serait donc 9 milliards supplémentaires qui trouveraient placement chaque année.

Dans les années 1960, nos grands-parents ont investi 2% chaque année du PIB dans les barrages et les lignes électriques. Soixante ans plus tard, il faut avoir le même courage qu’eux, et lancer un effort similaire pour relever le défi climatique.

Nous pensons aussi que le financement par le budget général la Confédération  est beaucoup plus social que toutes les autres formes de financement, notamment que les financement causals. En effet, plus le ménage est modeste, plus l’énergie représente proportionnellement un poste élevé dans le budget.

Nous en déduisons deux choses : les milieux modestes sont beaucoup plus exposés à une crise énergétique, et deuxièmement, il serait très antisocial de ne financer la transition énergétique que par une taxation sur l’énergie. Il faut au contraire utiliser la capacité d’endettement de la Confédération et le caractère progressif de l’impôt fédéral direct. Cela permet aussi de rendre les taxes d’incitation tout à fait sociales, avec le système de la restitution intégrale du produit de la taxe avec une part égale pour chaque habitant du pays.

En guise de conclusion, j’aimerais mettre en garde contre la tentation d’opposer la justice sociale à la protection du climat. L’un ne va pas sans l’autre.

Si les conditions d’existence de l’humanité se dégradent en raison du réchauffement climatique, de l’épuisement des ressources naturelles et de la chute de la biodiversité, les milieux modestes seront les plus violemment touchés, car ils n’ont pas les ressources pour se protéger. Prétendre maintenir le modèle productiviste à l’ancienne serait une escroquerie.

Mais inversement, si la politique climatique se fait au détriment des besoins de larges tranches de la population, elle ne trouvera pas majorité et échouera.

C’est précisément pour cela que l’approche globale du Parti socialiste, avec un plan d’investissement, une compréhension des enjeux économiques et le souci de la justice est la seule qui puisse éviter le crash climatique.