Le 12 octobre 2016, les trois exploitants de centrales nucléaires ont officiellement retiré les demandes d’autorisation de nouvelles constructions de centrales nucléaires. Au plus tard ce jour-là, les derniers sceptiques auront compris que la Suisse va sortir du nucléaire.
En septembre, les Chambres fédérales ont adopté une stratégie énergétique 2050 pour remplacer cette production de courant. Et en raison du référendum de l’UDC, le peuple se prononcera, le 21 mai. C’est donc à cette date que se décidera si la Suisse se dote d’une stratégie d’approvisionnement énergétique et des moyens de la mettre en œuvre, ou si au contraire elle importera son courant, probablement de sources sales comme du nucléaire du charbon.
L’initiative pour la sortie programmée du nucléaire constitue le complément indispensable de cette stratégie énergétique en fixant une date limite pour l’exploitation des anciennes centrales nucléaires.
Il en va d’abord de la sécurité publique, car notre pays est en passe de devenir, si vous passez l’expression, un EMS pour centrales nucléaires. Notre parc est le plus ancien du monde, et même les français n’oseraient jamais tenter de telles expériences. Trois réacteurs qui sont plus vieux que moi !
Il va de la sécurité l’approvisionnement : fonder 35 % notre approvisionnement électrique sur des centrales nucléaires vieillissantes relève de la gageure. J’en veux pour preuve le fait qu’à l’instant où je vous parle, deux des cinq centrales nucléaires sont durablement à l’arrêt, en raison de pannes structurelles difficiles ou impossibles à réparer.
Il en va de la sécurité de planification du remplacement : organiser le remplacement de cette production est une grosse opération, et sans connaître la date à laquelle elle doit être achevé, impossible de planifier rationnellement.
Enfin, il en va des finances publiques, puisque les centrales nucléaires sont hautement déficitaires et saignent le bilan des grands groupes électriques. Fixer une date d’arrêt permettra de préparer la fin de l’hémorragie et de consolider le financement. Sans fixation de date à l’avance, comme cela a été fait de manière exemplaire Mühleberg, il est impossible planifier rationnellement la fin et cela coûtera plus cher au contribuable. On rappellera que la loi prévoit déjà qu’en cas de difficultés, c’est la Confédération qui sera le financieur de dernier ressort.
Enfin, pour tous ceux qui doutent du délai de 45 ans, je rappellerais que les centrales nucléaires sont des machines, et donc qu’elles s’usent, puis finissent par tomber en panne. D’ailleurs, les CFF ne tirent plus non plus l’intercity avec une locomotive crocodile