Pourquoi cette loi sur le CO2 est insuffisante (discours d’entrée en matière)

Madame la Présidente, Madame la Conseillère fédérale, chers Collègues,

Le réchauffement climatique est là, nous en observons les conséquences et nous en connaissons les causes.  Il n’est plus seulement une menace environnementale. Il compromet désormais la prospérité et la sécurité de l’espèce humaine, d’un bout à l’autre de la planète.

La responsabilité de la Suisse, c’est de participer à l’effort global pour réduire les émissions de gaz à effet de serre,  de le faire à la hauteur de sa responsabilité historique comme pays industrialisé , et de s’engager à la mesure de son savoir-faire technologique et de ses moyens financiers.

Or, la loi qui nous est soumise ici n’est pas à la hauteur . Le Conseil fédéral a proposé que la Suisse puisse faire les deux cinquièmes de l’effort en achetant des attestations  de réduction à l’étranger au lieu d’investir en Suisse pour réduire nos propres émissions. C’est une politique à courte vue digne du trafic d’indulgences du Moyen Âge. Avec cette loi, le Conseil fédéral propose de diviser par deux la vitesse de réduction des émissions.

Madame la Conseillère fédérale, avec cette politique, vous maintenez tout d’abord la dépendance de la Suisse aux énergies fossiles. En plus d’acheter chaque année des attestations, il faudra continuer d’importer des millions de tonnes de pétrole et de gaz, à un prix de plus en plus élevé . Cela s’appelle « gaspiller au lieu d’investir ». Les importateur de pétrole y trouveront leur compte, mais pas l’ensemble de l’humanité

Deuxièmement, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a montré qu’il faut viser zéro émission en 2050. Si, comme le propose le Conseil fédéral, la Suisse se contente, au cours de la prochaine décennie, de ne passer ses émissions de CO2 que de  80% à 70% de ce qu’elles étaient en 1990,  il faudra ensuite, en 20 ans, de 2030 à 2050, les réduire de 70 % à 0%. Par paresse, nous repousserions l’effort sur la génération suivante. Mesdames et Messieurs, en rentrant à la maison, je n’oserai pas mes enfants  dans les yeux.

Troisièmement, comment voulons-nous que les pays moins riches et moins développés que nous s’engagent sérieusement sur le chemin la réduction si des pays comme la Suisse n’ont la droiture et la force morale pour accomplir chez eux leur part de l’effort ? Si nous agissons aujourd’hui de manière déterminée, nous pouvons décarboner le système économique mondial. Mais pour cela, il faut être les porteurs  et les moteurs de la stratégie internationale de  solidarité et de la responsabilité engagée par l’accord de Paris.

Mesdames et Messieurs, chers collègues, en entrant en matière et en soutenant les amendements progressistes, vous avez encore la possibilité de redresser la barre. Je compte sur vous.