(7.2.2024, dans 24heures)
En 13 ans, le niveau des nouvelles rentes LPP a baissé de 20%. Les chiffres sont clairs: en 2010, une personne qui partait à la retraite avec 300’000 francs d’avoirs dans sa caisse de pension touchait en moyenne une rente annuelle de 20’220 francs.
En 2023, le retraité disposant du même montant ne touche plus que 16’110 francs par an. Le paramètre décisif est le taux de conversion du capital en rente. Selon les données de Swisscanto, le taux de conversion effectif moyen a en effet baissé de 6,74% à 5,37%.
Cette mauvaise performance du deuxième pilier s’explique par les coûts de fonctionnement excessifs et le mauvais rendement des placements. En revanche, le vieillissement n’aurait jamais justifié une telle baisse de prestations. Les statistiques de l’administration fédérale montrent que, durant la période de 13 ans prise en considération, l’espérance de vie n’a progressé que d’un an pour les hommes et seulement d’une demi-année pour les femmes.
Autrement dit, la durée de vie après 65 ans s’étant allongée de 5%, le vieillissement pouvait justifier une baisse de 5%, mais en aucun cas de 20%. À ces constats douloureux, il faut ajouter que les Chambres fédérales ont voté une réforme autorisant une baisse ultérieure du taux de conversion, qui sera prochainement soumise au peuple.
Face à une baisse de rente de 20% de la LPP, il est à la fois nécessaire et légitime de vouloir renforcer l’AVS. L’introduction de la 13e rente représente une augmentation de 8,3% des rentes AVS. Pour la financer, il suffit d’augmenter les cotisations de 0,8%, à répartir de manière égale entre employés et employeurs.
Concrètement, une personne salariée gagnant 6000 francs par mois payera 24 francs supplémentaires de cotisation AVS. Une autre gagnant 20’000 francs payera 80 francs de plus. Et les deux verront leur rente revalorisée de 200 francs chaque mois, montant qui sera indexé. On observe le caractère très solidaire de l’AVS. Toutes les personnes en bénéficient, mais celles aux revenus élevés contribuent davantage à son financement.
Question de justice
Une fois la 13e rente acceptée, un nouveau chantier devra être ouvert. Le deuxième pilier a besoin d’une réforme en profondeur. Il conviendra en particulier de s’attaquer à ses coûts de fonctionnement qui s’élèvent à 6,8 milliards de francs par an, dont 5,1 milliards pour la seule gestion de la fortune.
Les coûts de la vie, qu’il s’agisse des assurances maladie, de l’alimentation, des loyers ou de l’énergie, ont augmenté, en raison de la pandémie suivie de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il est donc indispensable que les retraites soient revalorisées, même si l’inflation paraît pouvoir être jugulée. C’est une question de justice, mais aussi de bonne santé économique de l’ensemble de la société suisse.