Rapport annuel d’activité 2019 de Roger Nordmann, Conseiller national, à l’attention du Parti socialiste vaudois
Mon année 2019 présente un bilan paradoxal, puisqu’elle a débuté par un échec important, immédiatement suivi d’un grand succès.
L’échec : ma candidature à la candidature au Conseil des états
Suite à la décision de Géraldine Savary de ne pas se représenter au Conseil des Etats, j’ai décidé de proposer ma candidature au Parti socialiste vaudois. J’estimais en effet que mon profil modéré et rassembleur était adéquat pour une élection à la majoritaire. En outre, il m’apparaissait clairement au début de l’année 2019 déjà que la question climatique dominait largement la campagne électorale et que j’étais excellemment préparé pour l’incarner. J’ai donc consacré passablement d’énergie en février et en mars à préparer cette candidature.
Malheureusement, le congrès du 27 avril 2019 ne m’a pas désigné (par 159 contre 166). À cette première déception, plutôt de nature personnelle, s’est ajouté une grosse frustration politique suite au résultat final du 10 novembre 2019, qui a vu le Parti socialiste vaudois perdre le siège qu’il détenait depuis 1999.
Je me suis souvent demandé quelles erreurs j’avais commises devant le congrès et, accessoirement, qu’elle avait été l’influence des attaques que j’ai subies, d’une part, sur le fait que mes parents n’étaient pas des ouvriers et, d’autre part, sur le fait que ma mère avait été juge fédérale, comme s’il s’agissait d’une fonction infamante.
En tous les cas, la conception déterministe et essentialiste de la politique qui sous-tendait ces attaques me paraît contraire aux valeurs de la social-démocratie. Au moment de conclure cette année 2019, ces phénomènes me semblent devoir êtres actés.
Le succès : le livre « Le plan solaire et climat » et le « Plan Marshall du PSS pour le climat ».
Écrit pour l’essentiel en janvier et en février 2019, mon livre « le plan solaire et climat » est sorti début mai aux éditions Favre. Sa traduction en allemand, révisé par mes soins, est sorti en août 2019 au Zytgloggverlag.
Le livre a eu un écho retentissant, et les 1200 exemplaires initiaux en français, ainsi que les 1400 en allemand n’ont pas suffi, si bien qu’il a fallu rapidement en imprimer de nouveaux exemplaires (800 F) et (500 A) dans les deux langues. J’ai recensé 44 articles de presse. La discussion qui s’en est suivie a grandement contribué à faire prendre conscience aux milieux de l’énergie qu’il fallait aller bien au-delà du remplacement du nucléaire et prévoir suffisamment des capacités de production d’électricité renouvelable pour les besoins de la décarbonisation des transports et du bâtiment.
Au total, j’ai donné 50 conférences sur la question énergétique entre février et novembre 2019, dont 15 dans le canton de Vaud. Constance particulièrement réjouissante, j’ai été invité à présenter nos idées devant des entreprises autrefois complètement réfractaires, comme les exploitants de centrales nucléaires Axpo et BKW ou encore devant l’association Suisse des entreprises du gaz. Cela montre la profondeur des transformations en cours dans le secteur de l’approvisionnement énergétique. De nouvelles conférences sont d’ores et déjà agendées pour le début 2020, dont la présentation du livre à Berlin.
En mai et juin, j’ai également rédigé le « Plan Marshall du PSS pour le climat », que nous avons présenté début juillet dans une ferme bio de la campagne bernoise. Ce plan englobait les recettes proposées dans le livre, mais en incluant l’ensemble des efforts destinés à ramener progressivement à zéro les émissions de gaz à effet de serre.
À noter que le parti socialiste vaudois a réalisé une version filmée de ma conférence regroupant les deux volets, le solaire et le plan Marshall.
La réforme de la fiscalité des entreprises et le financement de l’AVS (RFFA)
Je me suis fortement engagé dans la campagne de votation en faveur de ce projet. Il me tenait très à cœur de parvenir à ce que la Suisse respecte enfin les règles internationales de la fiscalité des entreprises. Nous l’avions promis lors de la victoire contre le projet RIE 3 en février 2017.
En outre, la consolidation du financement de l’AVS par la caisse fédérale et les prélèvements salariaux me paraissait la meilleure garantie contre les coupes futures dans les rentes AVS. Enfin, vu le départ à la retraite des générations nombreuses du baby-boom, l’inaction n’était pas une option.
La belle victoire de RFFA montre aussi que les citoyens se méfient des démarches trop idéologisées, mais valident les projets qui s’inscrivent dans une logique de résultat au profit de l’intérêt général.
Vie parlementaire
En 2019, je suis relativement peu intervenu au plénum du Parlement sur les dossiers de la commission de l’environnement, des territoires et de l’énergie CEATE-N). Cela s’explique dans une certaine mesure par le fait que je présidait la commission et d’autres membres socialistes étaient au front pour combattre ou défendre les propositions de minorité. Mais cela s’explique aussi par le fait que la loi sur le CO2 était en traitement au Conseil des états.
Par contre, durant cette année préélectorale, je suis beaucoup intervenu en ma qualité de président du Groupe sur d’autres dossiers pour dénoncer des manœuvres politiques, en particulier :
- la tentative de l’UDC de repousser après les élections l’augmentation à Frs. 500.- la franchise l’assurance-maladie ;
- la tentative du PDC de bétonner des systèmes électoraux douteux dans certains cantons en les protégeant par un article de la Constitution fédérale ;
- la tentative des milieux routiers de faire voter dans un arrêté fédéral des projets de tronçons dont on ignorait totalement le coût de construction ;
- la tentative malheureusement réussie du lobby agricole de repousser le traitement d’une motion de commissions pour lutter contre la disparition des insecte ;
- l’opération absolument scandaleuse consistant à abuser d’un projet centré sur la déduction des frais de garde pour faire des cadeaux fiscaux absolument monstrueux aux familles à revenus très élevés. Dans le cadre de mon intervention lors du vote final, j’ai d’ailleurs annoncé le lancement du référendum.
Sur le fond, je suis intervenu sur six domaines, souvent à la demande des camarades spécialisés pour donner plus de poids à notre position, grâce à ma fonction de président du Groupe :
- en faveur de l’élection d’une représentante des Verts au Conseil fédéral ;
- en faveur de l’initiative populaire « eau potable », qui entend combattre les pesticides, malheureusement contre l’avis du lobby chimico-agricole ;
- contre la tentative des Verts libéraux de faire varier le niveau des rentes du deuxième pilier en fonction de la situation momentanée sur les marchés financiers ;
- pour la réhabilitation les manifestants tués par l’armée 1932 à Genève, combattue par la droite fédérale malgré le consensus de tous les partis dans ce canton ;
- contre l’initiative de résiliation des accords bilatéraux, qui sera soumise au peuple le 17 mai 2020 ;
- contre le hold-up des cliniques privées dont l’objectif est de pouvoir facturer sans limite leurs prestations à l’assurance de base.
Fidèle à mon habitude, je suis resté économe en matière d’intervention parlementaire, puisque j’ai déposé une petite question sur le solaire (19.5137), une motion pour que les jeunes jusqu’à 21 ans puissent bénéficier du demi-tarif des transports publics au lieu de 16 ans actuellement (19.3575), et une question sur le maintien des haltes CFF de Villette, St-Saphorin et Epesses (19.1000).
A l’ensemble des ces engagements, et en plus du travail effectué en direction des médias, il convient d’ajouter encore le soutien que je tente toujours, comme président du groupe, d’apporter à l’ensemble de mes collègues du groupe socialiste, ainsi qu’à tous les camarades qui me sollicitent pour des conseils ou des appuis concernant des projets défendus par notre parti.