(paru dans 24 heures du 26.4.2021) /
(Vidéo sur les 7 lobbys qui veulent liquider la loi sur le CO2 56 – secondes)
Chaque année, la Suisse dépense 8 milliards pour importer du pétrole et du gaz fossile. Ce qui représente une facture de 1000 francs par an et par habitant. Et encore, ce montant n’inclut pas les taxes. Il reflète donc la pure «exportation d’argent» vers l’Arabie saoudite, la Libye ou l’Iran. La dépendance au pétrole est très onéreuse. Cependant, les coûts réels des énergies fossiles vont bien au-delà des prélèvements effectués directement dans notre porte-monnaie.
Premièrement, si réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel et que la température augmente véritablement de 5°C jusqu’à la fin du siècle, nos Alpes ressembleront à celle de Haute-Provence et notre agriculture devra passer à l’arrosage intensif. Surtout, autour du globe, des centaines de millions d’êtres humains devront quitter leur zone d’habitation. Si nous ne parvenons pas à ralentir le réchauffement, les problèmes à résoudre entraîneront des dépenses colossales.
Deuxièmement, la plupart des conflits armés sur la planète sont liés au pétrole et alimentés par les ressources qu’il procure. Depuis le milieu du XXe siècle, la consommation sans frein des énergies fossiles constitue une source de violence et nombre de régimes autoritaires se maintiennent au pouvoir grâce à leur exportation.
Troisièmement, les nuisances liées à l’usage du pétrole ne sont pas que globales, mais aussi très importantes sur le plan local, notamment en matière de pollution de l’air et de destruction des milieux naturels.
Pendant des décennies, nous n’avons eu d’autre choix que de dépendre du pétrole. Mais aujourd’hui nous disposons de technologies pour vivre mieux, en utilisant massivement l’électricité et la chaleur renouvelables. Sans être parfaites, ces ressources sont beaucoup moins polluantes. De plus, elles nous dispensent d’acheter des barils d’énergie primaire, puisque l’eau, le vent et le soleil arrivent gratuitement en Suisse.
S’affranchir du pétrole
Avec la nouvelle loi sur le CO2, nous votons précisément sur cette question essentielle: voulons-nous maintenir notre dépendance au pétrole ou au contraire nous en affranchir? Le texte qui nous est proposé stimule les investissements dans l’efficacité et dans le renouvelable. En cas d’acceptation, la facture pétrolière devrait diminuer de 8 milliards à environ à 5 milliards en 2030.
C’est d’ailleurs pour cette raison que le référendum contre la loi a été lancé. Pour préserver son chiffre d’affaires et ses intérêts financiers, l’Union pétrolière suisse, récemment rebaptisée Avenergy pour mieux se camoufler, espère nous maintenir captifs dans l’ancien monde. Mais nous ne sommes pas obligés de les écouter. En acceptant la loi sur le CO2, nous ferons un pas décisif sur le chemin qui nous libérera progressivement du pétrole.