Sécurité énergétique et protection du climat, même démarche

(article paru dans 24 heures du 24.2.2023)

Deux événements totalement indépendants ont marqué l’élaboration de la Loi sur le climat et l’innovation (LCI), sur laquelle le peuple est appelé à se prononcer prochainement. Le premier, c’est le rejet de la loi sur le CO2 le 13 juin 2021. Le score était serré, mais le résultat sans appel. Manifestement, une majorité de la population ne voulait pas d’un renforcement des taxes d’incitation. Même quand le problème reste entier, un refus doit être pris en compte. Pour avancer en matière de climat, il était donc hors de question de proposer à nouveau la même approche.

Le second événement est l’agression de l’Ukraine par la Russie. Cette attaque a non seulement fait augmenter les prix des énergies fossiles, mais aussi rendu l’approvisionnement problématique. Elle a mis en évidence la nécessité de nous affranchir beaucoup plus rapidement des énergies fossiles, pour sécuriser nos ressources énergétiques.

Le constat effectué par le parlement est simple, la question de l’approvisionnement énergétique et celle de la réduction des émissions de CO2 appellent la même réponse : il est urgent d’investir pour se passer des énergies fossiles. C’est sur cette base qu’a été élaborée la Loi sur le climat et l’innovation (LCI), qui constitue également le contre-projet à l’initiative sur les glaciers. En plus de reprendre son objectif de la neutralité climatique en 2050, elle propose d’avancer concrètement sur deux plans décisifs, à savoir le remplacement des chauffages et l’assainissement de l’industrie.

Pragmatique, la stratégie choisie est celle de l’aide à l’investissement. Chaque année, 200 millions de francs sont prévus pour aider les propriétaires à investir dans la transformation du chauffage. Il s’agit d’encourager le remplacement des installations fonctionnant au mazout, au gaz ou avec des convecteurs électriques. De même, 200 millions par année aideront les industries à s’engager dans les technologies propres.

La loi ne prévoit ni obligation d’effectuer des travaux, ni taxation supplémentaire sur l’énergie. Les puristes regretteront ce choix du parlement. En réalité, il est raisonnable. Suite à l’échec de 2021, il devenait impératif de proposer une solution qui soit acceptable par les citoyens. La Suisse ne peut pas s’offrir le luxe d’un deuxième échec de sa politique climatique. A l’évidence, un nouveau refus le 18 juin la paralyserait pour au moins une décennie.

L’invasion de l’Ukraine a ramené la géopolitique au centre du débat énergétique. Tout montre que l’époque du gaz bon marché est terminée. Dans cette nouvelle situation, il importe d’agir sans tarder et de manière directe, en soutenant les bonnes volontés qui sont disposées à investir. C’est l’ambition mesurée, raisonnable, mais aussi stimulante de la loi sur le climat et l’innovation.